1 nov. 2013

« À l’aide ! »

petit préambule  
Seydou est un de ces hommes chanceux, né dans un pays ou tout va bien : le Mali ! Choyé par une nature prolifique et par la générosité et la douceur de l’histoire de son pays et de l’Afrique de l’Ouest en général, il y coule des jours heureux grâce à l’abondance alimentaire, la paix entre les peuples, l’opulence du train de vie, l’éloge que font nos médias de son pays, le bon vouloir notamment des occidentaux qui décident quand et comment ils y feront la pluie ou le beau temps, la Fraternité à la française qui se manifeste, au mieux chez quelques uns de ses citoyens, par l’éventualité d’un tourisme solidaire ou par quelque action humanitaire. Seydou existe vraiment et se bat pour vivre, faire vivre les siens, et participer à la construction d’une société meilleure, dans son pays et dans les pays voisins. Moi aussi, j’existe vraiment, citoyen du pays dit des Droits de l’Homme, et quelque chose m’échappe… vraiment ! Quand bien des gens du monde entier nous envient et voudraient un tout petit peu de ce que nous avons, je me prends à avoir honte de devoir être patriote.
Seydou, si tu savais ! Si tu savais ce que j’entends, lis et vois depuis 40 années de vie d’adulte.  Si tu savais comme il semble normal à tant de gens chez nous d’être des assistés permanents qui n’en sont ni reconnaissant, ni satisfaits ! Qui râlent sans cesse et demandent toujours plus. Qui n’apportent pas grand-chose et exige beaucoup. Et rien ne va, rien ne va chez nous. Les disparités sont là, les profiteurs et les mal lotis aussi. ! Se plaindre, se scandaliser, manifester à grand bruit et exiger, tricher bien sûr pour en avoir plus… tout cela est bien ordinaire, chez nous, et tellement plus que chez toi. Et pourtant… pourtant… jamais aucun sourire ne m’a fait autant de bien dans ma vie que ceux des gens de chez toi. Peut-être savez-vous montrer qu’en avoir plus, et encore plus n’apporte fondamentalement rien de mieux dans « l’art » de vivre. Que le « meilleur » que nous quêtons est le masque du pire.
Alors, en pensant à toi, aux tiens, à ceux de ton pays, à tous ceux d’autres territoires ou pays qui vivent comme toi, comme vous, j’ai pris le temps d’écrire, luxe suprême de quelqu’un qui ne manque de rien (sans en avoir beaucoup), d’écrire la présente satire.
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Toi, que je ne connais que trop
L’assistance médicale à la procréation est l’acte fondateur de ton existence.
L’aide obstétricien permis à ta mère de te mettre au monde, puis l’assistant maternel autorisa tes deux parents à reprendre rapidement le travail. L’aide sociale à l’enfance fut un petit coup de pouce financier bien utile en cette occasion.
À la petite école, l’aide maternelle t’assista dans ton quotidien puis t’apporta les premiers soutiens scolaires. Malgré la bienveillance de ton père, soutien de famille, il fallut faire appel à l’assistance sociale pour résoudre les problèmes inhérents aux difficultés de la vie familiale. Tes parents purent bénéficier de l’aide à famille avec enfants à charge, mais cette aide familiale fut complétée par une aide ménagère à la maison, et d’une aide financière sous forme d’aide à l’enseignement grâce aux bourses scolaires, un indispensable complément à l’allocation rentrée scolaire.
Quand ta mère se mit à boire, et malgré l’aide de SOS Alcool Femmes, ton père dut se battre pour garder tous ses droits ce qu’il fit avec l’aide de SOS Papa, mais ta sœur et toi furent écartées de lui quand il se mit à voler pour subvenir à vos besoins. Heureusement, SOS Village d’enfants vous permis de ne pas être séparées. Après deux ans de prison, avec l’assistance postpénale et grâce à l’assistance juridique et  à l’aide judiciaire, votre père put enfin vous reprendre à la maison, ou plutôt dans la ferme de ses parents où vous vécurent ensuite.
L’aide à la reconversion,
l’aide à l’investissement,
l’aide à la modernisation,
l’aide à la restructuration,
l’aide à l’hectare,
les primes à la vache allaitante
et les primes à la vache tondeuse,
la prime fourragère
et quelques autres aides à l’agriculture des programmes d’aides de l'État, d’aides communautaires et d’aides régionales, plus quelques aides sectorielles du domaine des aides privées des industriels du lait et de la transformation, furent une aide précieuse qui compléta utilement l’aide à l’installation, l’aide aux jeunes agriculteurs et la politique de soutien des prix agricoles.
Si l’entraide entre agriculteurs s’est imposée d’elle-même, l’aide à la construction fut aussi bienvenue pour disposer enfin d’une maison neuve, ainsi que l’aide en nature de la commune, sous forme d’un terrain à bas prix.
Grâce à l’assistance aux étudiants en matière d’études tu as pu enfin boucler ton apprentissage et te lancer dans la vie.
Quelques temps aidée par l’assistance chômage, avec les nouvelles aides à l’emploi et les aides à l’entreprise tu as monté ta petite structure de restauration rapide soutenue techniquement par un aide-cuisinier et avec l’aide syndicale pour les conseils relatifs aux droits du petit entrepreneur. Tu as placé un peu d’argent dans quelques actions, mais tu as failli tout perdre ; heureusement, SOS Petits Porteurs t’es venu en aide ainsi qu’une association d’aide et de défense des consommateurs.
Bien sûr, comme beaucoup de gens, tu ne comprends pas forcément l’intérêt de ces programmes  d’aides humanitaires et d’aides aux pays en voie de développement, d’aide sanitaire, d’aide aux réfugiés et d’aide mutuelle entre nations… il y a tant de besoins chez nous, déjà ; que fait-on auprès de ces assistés !
D’ailleurs, c’est un étranger qui t’a agressé ce soir là, tu en es certaine, alors que tu lui refusais de lui venir en aide en lui donnant un peu à manger ! Tu t’es courageusement débattue en l’insultant, mais il t’a assené un vrai coup, ce lâche. 
Tu as eu la force d’appeler à l’aide. Aussitôt tu bénéficiais des aides d’urgence, d’abord par Police-secours  et le Service d’Aide Médicale d’Urgence, le SAMU, puis de l’assistance respiratoire et de l’assistance cardiovasculaire. Entre les mains de l’anesthésiste et de l’aide anesthésiste, puis du chirurgien et de ses assistants tu as pu profiter, fort heureusement, de l’aide au diagnostic assisté par ordinateur, de l’aide à la décision thérapeutique et de l’aide à la prescription médicale. 
Infirmiers, aides-infirmiers et aides-soignantes t’ont accompagné dans les soins.
L’assurance maladie et l’assurance complémentaire étaient bienvenues.
Aide à la rééducation et aide aux patients à mobilité réduite furent propices à ta remise sur pieds, surtout que tu bénéficias durant quelques temps de l’aide aux personnes handicapées et de l’aide aux victimes ainsi que de l’assurance invalidité.
L’aide au préjudice esthétique fit disparaître les quelques traces de l’accid-incident.
Ton local professionnel ayant brulé, là où l’on supposa qu’il s’agissait des méfaits d’autres étrangers, l’aide aux sinistrés te fut accordée et l’assurance incendie autant que l’assurance vol t’ont aidé à tout reconstruire. Tes nouveaux locaux furent même équipés d’une sortie de secours et d’un escalier de secours.
Quand tu as enfin repris ton activité, une aide de caisse te permis de t’aider au travail auprès des consommateurs, ainsi qu’un aide-serveur ; et une aide à domicile t’évita d’avoir à faire des efforts supplémentaires en rentrant chez toi.  Heureusement que l’assurance contre les pertes de bénéfice a fonctionnée ainsi que l’assurance crédit. Tu pu faire appel à un coach en décoration et un coach en management d’entreprise pour relancer ton affaire. Un coach de vie, à la fois coach sportif et coach de développement personnel a fini la reconstruction de ton être.
Suivant leurs conseils, et grâce à l’assurance des biens, tu t’es équipée d’un matériel neuf et performant, notamment en informatique. Grâce aux systèmes d’aide en ligne et à SOS dépannage informatique, tu as vite maîtrisé les nouveaux logiciels et systèmes d’exploitation. SOS Internautes t’a expliqué tes droits face au web. Antivirus et anti spam te protégèrent.
L’assurance tout risque auto a également et fort heureusement pu couvrir le remplacement de ta voiture, mystérieusement incendiée elle aussi (très certainement encore par des étrangers !). Te voilà rassurée d’ailleurs, car la nouvelle dispose d’une aide au démarrage en côte, de l’assistance au freinage d’urgence, d’une roue de secours, de l’assistance au guidage et d’un système d’aide à la géolocalisation de type GPS.
Tu es partie quelques jours en vacances, tu le méritais bien, et tu as profité du programme de remise en forme que l’on a concocté pour toi, du programme de loisirs que l’on a concocté pour toi, des diners et soupers que l’on a concocté pour toi, de la chambre que l’on a entretenu pour toi. Que craindre en plus de ces voyages organisés all inclusive ? Dans le prix sont inclus l’assurance annulation, l’assurance vol raté, l’assurance bagage, l’assistance rapatriement, l’assurance beau temps et la garantie satisfait ou remboursé ! Tu n’as eu à payer que le vaccin anti-paludisme, la crème anti UV, le spray anti insectes.
Alors… c’eut été dommage de ne pas profiter de ces contrées où les femmes voilées de noir, silhouettes furtives, apportent tant de typicité à ces ruelles étroites. Tu as regretté, toi si jolie dans ton mini short « ras du bonbon », d’être raillée sifflée par les hommes de là-bas. Ici, ils seraient inculpés pour harcèlement sexuel.
Ainsi est passé le temps, à l’abri des parapluies, parasols, paravents, paratonnerres, prévenus des dangers par les alertes tempêtes, alertes enneigement, alertes verglas, conseillé par Bison Futé et ses alerte bouchons, protégé par la veille sanitaire, la sécurité sociale, la protection de la vie privée et des libertés individuelles, tout en gardant celle par exemple d’exposer tout de ta vie sur les médiaux sociaux, tout ce qui put par ailleurs t’insupporter venue d’une autre que toi.
Mais maintenant que te voilà moins jeune, toi la tétonnière tu as besoin de l’assistance de vrais soutiens-gorge. Les strings mamellaires de ta jeunesse ne suffisent plus !
Grande séductrice tu aimais te montrer, usant des antirides, anti-âge, anti défauts de peau et anti dépressif, aussi !  Tu as pourtant souffert, d’abord des insultes de ceux qui te découvrirent lesbiennes, mais SOS Homophobie fut là pour te soutenir, puis des coups de l’une de tes compagnes, mais SOS Femmes battues fut aussi là pour te soutenir, et des quolibets à l’attention de l’arrière petite fille d’un émigré polonais  que tu es, mais SOS Racisme fut pour toi un soutien non négligeable.
Sans SOS Amitié ni l’aide médicale au suicide, peut-être te serais-tu coupé les veines, qui sait ? Au lieu de cela tu n’as eu besoin que de SOS Drogue car tu as plongé dans la déprime en te retrouvant seule, sans l’assistance de ta dernière compagne qui t’a laissée pour une autre. Tu étais tellement indépendante à ses yeux, si autonome !
Déchéance ! Et te voilà sans un sou à utiliser l’aide alimentaire et les aides aux personnes défavorisées le Secours Populaire, SOS Emmaüs, Droit à l'Energie SOS Futur et le Secours Catholique. Ah, l’aide spirituelle, évidemment qu’elle serait bienvenue ! Mais comment faire quand l’église vous dit « Aide-toi, le ciel t’aidera » ?
Bientôt vieille, tu le sais, il te sera difficile de vivre ainsi livrée à toi-même. Tant d’années à te battre, pour vieillir ainsi dans l’indifférence ! Que fait cette société pour aider ses citoyens ? L’humain livré à lui-même, livré à l’autarcie, à l’autosuffisance. Tu avais le droit d’être soutenue pourtant ! Elle est belle la fraternité ! L’aide complémentaire aux produits ne suffit pas à te permettre d’acheter ce dont tu as besoin. C’est trop cher. Il te faudra l’aide financière aux personnes âgées, les colis de Noël, l’aide alimentaire avec les repas à domicile, et l’assistance du plan anti canicule. Bien sûr !
Et surement l’aide sanitaire provisoire et l’aide à domicile en milieu rural !
Mais tu sais que plus tard, sans un établissement d’aide à la vie autonome et sans l’aide bénévole au déplacement des personnes à mobilité réduite, ton assurance retraite vieillesse et ton assurance retraite complémentaire ne suffiront pas, pas plus que l’assistant d’aide à la déambulation ou l’assistant monte-escalier.
Enfin, enfin !!! L’assistance aux mourants te permettrait de partir plus sereine, l’esprit libéré aussi grâce à l’assurance-décès et l’assurance obsèques.
À l’heure de fermer les yeux à jamais, seule peut-être te semblera bien dérisoire, l’assurance sur la vie !






1 oct. 2013

Mon chien m’a dit


Mon chien m’a dit...

que je ne sentais rien ! En ce sens il a un peu raison ; Mais je me sais bien content de ne pas savoir différencier toutes les odeurs qui m’entourent. Dans un jardin, tant de parfums mélangés me tourneraient la tête, et dans le métro c’est la nausée qui me gagnerait.
Mon chat m’a dit que je n’entendais rien ! En ce sens il a un peu raison ; Mais je me sais bien content de ne pas avoir à subir tous les bruits qui m’entourent. Dans un jardin, tous les bourdonnements m’abrutiraient, et dans le métro, tant de bruits incongrus m’insupporteraient.
L’aigle m’a dit que je ne voyais rien ! En ce sens il a un peu raison ; Mais je me sais bien content de ne pas avoir à trop regarder dans les moindres détails. Dans un jardin, toutes les images se brouilleraient sans surprises à venir, et dans le métro, tâches et crasse me répugneraient.
Le cheval m’a dit que je n’ai pas le goût bien développé ! En ce sens il a un peu raison ; Mais je me sais bien content de ne pas savoir détecter toutes les saveurs. Dans un jardin, les goûts de compost se mêleraient trop à ceux du fruit, et dans le métro mon pain au lait serait immangeable !
La taupe m’a dit que je n’ai pas le toucher bien développé ! En ce sens elle a un peu raison ; Mais je me sais bien content de ne pas ressentir tout ce que je touche. Dans un jardin, trop d’épines et de rugosités me blesseraient, et dans le métro bien des sensations me feraient blêmir d’angoisse.
Insensible ! Serais-je donc insensible ? C’est insensé.
Alors, j’ai réuni mon chien, mon chat, l’aigle, le cheval et la taupe, et je leur ai demandé  « êtes-vous capable de vous aimer les uns les autres ? ». « S’aimer comment, comme chien et chat ?» questionna le chien, puis le chat, puis le chien, PUIS le chat, PUIS le CHIEN, PUIS LE CHAT, PUIS... « STOP ! Non, s’aimer comme moi je vous aime » répondis-je.
« Et tu nous aimes comment ? Comme moi j’aime la taupe » interrogea l’aigle. « Mais moi aussi j’aime la taupe » rétorqua de suite le héron, « celle là je vais d’ailleurs me la faire ». « Non, moi » cria le chat. « Pas du tout, elle est pour moi » renchéri le chien alors que le cheval pensait « moi je m’en moque, je marche dessus ! ». Et tandis que tremblait terrorisée la taupe, je dû intervenir d’un « ARRETEZ ! Je ne vous parle pas de manger, mais d’aimer d’amour ». «  Ah… tant mieux pour moi, tu m’as fait un peu peur quand même sur ce coup là » marmonna le cheval. « Bon, toi le canasson, je ne t’ai pas demandé d’en rajouter. En plus je suis végétarien comme toi, alors bon ! » ; La colère commençait vraiment à m’envahir, et je me rattrapais bien vite d’un « Donc, j’en déduis que vous ne savez pas vous aimer entre vous ! ».
La taupe, petite mais résolue s’aventura d’un timide «  oui, mais beaucoup d’hommes ne m’aiment pas ! Et en plus, la plupart des humains ne s’aiment pas entre eux ! ».
Tandis que quatre paires d’yeux  se mirent à gonfler, subitement rivés sur la taupe, et prêts à la fusiller du regard, voire à la dévorer et pas que des yeux,  j’affirmais d’un coup tranché « OUI, TU AS RAISON. Tu as parfaitement raison. Vois-tu, petite taupe,  l’homme est certainement de nous tous animaux celui qui a la chance d’avoir des capacités incroyables. Le plus grand de nos sens, le plus développé, c’est celui que nous pouvons donner à notre vie, à la vôtre, à tout ce qui nous entoure. Observer, comprendre, aimer, penser, écrire, chanter, méditer, élever sa conscience, faire preuve d’humilité, s’émerveiller, danser… tout ça en le sachant ! Pleurer aussi de ne pas avoir su assez tôt ou d’avoir ignoré! Nous  avons des pouvoirs incroyables, fabuleux, extraordinaires, seuls, à deux, en société, en humanité… nous pourrions les avoir ! Mais nous ne savons pas. Nous ne savons rien de tout ce que nous sommes capables de faire de beau, de bien, de bon et d’incroyable. Cette incroyable faculté qui est en nous ne nous sert à rien, sauf à engendrer
  • des cruels qui usent de leurs forces ou de leurs pouvoirs pour détruire,
  • des cyniques qui critiquent ou se marrent sans rien faire,
  • des dingues qui s’inventent des mondes de héros et de pouvoirs absurdes,
  • des fatigués qui se suicident les yeux fermés, mal aveuglés,
  • des auto-esclaves qui se soumettent à des puissances qu’ils créent,
  • des allumés qui s’illuminent à coup de Mort subite ou de Pavot,
  • des déconnectés qui vivent dans le virtuel en mode PlayStation, 
  • des oubliés qui survivent ou crèvent dans la fange,
  • des cro-magnoïdes qui avancent à reculons en pleurant les grottes et les mammouths,
  • des pervers qui se jouissent dessus à se voir épinglés sur les murs des autres,
  • des dézingués de la toiture qui attendent demain sans même avoir vécu aujourd’hui,
  • des phobiques de la nature qui ne connaissent que le béton et le bitume,
  • des aliens qui se font charcuter la gueule et les seins pendant que d’autres crèvent de faim,
  • des désorientés du cycle qui vivent la nuit et dorment le jour,
  • des sauveurs qui sauvent leur monde nanoscopique de leurs bonnes actions,
  • des prophètes qui, en bons parasites, vivent aux dépens de ceux qui les écoutent,
  • des nombrilo-narcissiques  qui n’ont jamais rien admiré d’autre que leur nombril… et des narcisses !

mais tu as raison, petite taupe, bien peu de gens savent vivre simplement et simplement aimer et respecter ; si peu savent regarder dedans eux pour comprendre  ces immenses facultés que les millénaires de l’évolution leur ont permis d’avoir.
Si la vie est déjà une incroyable merveille, et en ce sens très hautement respectable qu’elle fût vie d’algue ou vie de dauphin, peut-il y avoir plus grand pouvoir que celui de penser et agir en conscience, et plus grande intelligence que de bien savoir le faire ? Alors… cheval, chien, aigle, chat, taupe, effectivement l’homme n’est pas très bon pour sentir, pour voir, pour entendre, pour goûter. C’est un peu mieux pour le toucher. Il a en lui des facultés immenses et des pouvoirs extrêmement développés. Il serait le super-héros qu’il cherche tant à être s’il savait, s’il cherchait à savoir. Mais là où il pourrait être le meilleur il ne l’est pas».
« Pourquoi ? » vibra la penta-voix.

Je songeais un instant avant de répondre triste « Peut-être que la part de l’animal qui reste en l’homme est  encore beaucoup trop forte. Il n’a pas envie non plus d’être meilleur ; C’est tellement plus facile de parler d’amour que d’aimer ! Manger, boire, dormir, baiser, s’amuser offrent bien plus de satisfaction que de réfléchir à le faire en conscience dans le respect des autres, de la vie et de la Terre. Ça demande moins d’effort en plus, et mieux vaut être bien servi seul que d’être servi un peu à plusieurs.  Vous, vous ne savez pas aimer les autres, encore que, mais vous ne savez pas que vous n’aimez pas. Nous si. Alors je ne suis pas un super-héros, nous ne sommes pas des super-héros. Les super-héros, pour l’instant… c’est encore vous ».

30 avr. 2013

Fantasmes à la québécoise


La réalité dépasse parfois largement la fiction. Preuve en est.
Rédacteur pour plusieurs Groupes de Presse, je rédige à la commande des articles sur le jardin, la déco, la maison, mais aussi les artistes, les vins et les établissements et sites touristiques. Commande du jour : un article sur les vins de Provence, secteur varois.
Qui dit vin dit terroir, et me voilà parti pour décrire certaines caractéristiques climatiques, géologiques, topographiques et pédologiques. Ainsi j’évoque des fonds de vallons sablo-limoneux pour désigner, selon le principe du triangle des textures, un sol composé de 75 % de sable, 15 % de limon et 10 % d’argile.
Ayant plutôt bonne réputation pour mes compétences scientifiques et techniques, mais me sachant plus fragile quant à mes capacités orthographiques et typographiques, j’ai décidé de me faire épauler voici quelques temps pour ces derniers points par un bon logiciel et choisis en conséquence d’acquérir Antidote. Version 8, tant qu’à faire. Une fois donc mon article terminé et relu, je le soumets au correcteur pour repérer d’éventuels oublis.
Plutôt content d’un texte presque sans fautes à quelques virgules près, me voilà pourtant tout surpris de découvrir mon « sablo-limoneux » souligné d’un trait rouge en gras ! M’enfin !
Petit survol de souris et voilà qu’Antidote m’accuse de quatre impardonnables erreurs : injurieux + familier + orthographe + trait d’union !!! Murf ! Tout ça pour « sablo-limoneux ».
Croyez-vous qu’en parlant pédologie et texture du sol on ait vraiment une tête à être injurieux ? Déterminer la classe texturale d’un sol à partir des analyses de composition en sable, argile, limon et selon un diagramme dit triangle des textures… j’ai beau chercher… injurieux je ne vois pas. Sauf pour quelque cancre dont la richesse linguistique se résume aux paroles francisées du dernier tube de Rihanna (Je veux être ton bébé, tu seras toujours mon bébé, dis mois ce que tu veux… ton amour est la perfection… blabla… niais !).
Mais pour un Québécois, il doit y avoir injure. Bon, au corps défendant de nos supers voisins d’outre Atlantique, reconnaissons que c’est quand même dingue que le meilleur logiciel orthographique du marché soit québécois ! En France, le français… on sait pas faire.
En clair, dans la tête d’un Québécois, « sablo-limoneux » est une version très fangeuse de la provocation sexuelle façon féminine. Si si !
Vous ne me croyez pas ? Demandez à Antidote de vous lire « sablo-limoneux », et voilà qu’il vous le transforme en « salope limoneuse »…VRAI !
Maintenant, le coup de la salope limoneuse… j’ai quelques doutes sur le programmateur qui est derrière tout ça. Car après-tout, habituellement quand Antidote ne connaît pas un mot il indique simplement « mot inconnu ». Mais là, avouez que ça ne s’invente pas. Québécois peut-être, le programmateur ne serait-il pas aussi un peu adepte des fantasmes extravagants ? Les yeux sur un écran présentant quelques pulpeuses cuisses écartées, les doigts d’une main sur le clavier (l’autre étant indisponible), en train de taper sablo-limoneux, je me demande si le cerveau du pauvre gars n’aurait pas disjoncté dans un moment par trop crucial dans la phase finale de l’excitation.
N’empêche… salope limoneuse… ah je vois la scène !
Merci Antidote pour cet humour à la québécoise !
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Morale de l’histoire, si votre ado est un cancre dont la richesse linguistique se résume aux paroles francisées du dernier tube de Rihanna, surtout, surtout… ne lui prêtez pas Antidote, ça pourrait ne pas plaire du tout à sa prof de français pas plus qu’à celle de bio ou sciences nat. Sauf s’il s’agit de vieilles célibataires libidineuses !

14 févr. 2013

Pantoum* pour Un bouquet de rosée

cliquez sur l'image pour agrandir et lire :-))



















* Le pantoum est d’origine malaise. Habituellement il se compose de six quatrains –parfois plus, à rimes croisées : le deuxième et le quatrième vers de chacun d’eux deviennent le premier et le troisième vers du quatrain suivant. De plus, le premier vers du premier quatrain forme le dernier vers du dernier quatrain. Il peut se lire de haut en bas et de bas en haut. L’originalité du pantoum réside dans le sens : il développe dans chaque strophe, tout au long du poème, deux idées différentes, l’une contenue dans les 2 premiers vers de chaque strophe, l’autre contenue dans les 2 derniers vers de chaque strophe.

13 juin 2012

Mundi sine memoria


Me souvenir encore qu’il fût un temps où la mémoire inondait mes pensées…
Me souvenir encore, encore un peu, un peu encore, avant de me laisser happer
Par l’inconnu d’un monde aux souvenirs batailleurs, anarchiques et insensés. 
Las de me souvenir que les souvenirs m’échappent,  je me laisserai porter 
Par la folie enfin, dont Erasme en fit l’Eloge avec virtuosité.

Peur aujourd’hui d’être regardé  avec la compassion de ceux qui, à tord,
Ne sauraient se souvenir de moi que d’un temps où je me souvenais encore...
Etrangers à ma mémoire, demain je les regarderai sans aucun remords.
Etranger à moi-même sans le savoir, sans peur j’irais sans mémoire, alors
Ignorant d’un temps ou la mémoire inondait mes pensées d’un parfait accord

- « Papa, c’est toi qui a écrit cela ? »
- « Quoi donc ? Et qui êtes vous d’abord »
- « Mais papa ! Je suis ta fille, TA FILLE ! Regarde, voici maman, voici ta femme. Tu l’as aimé, tu l’as tellement aimé»
- « Ma fille ? Non, je ne pense pas ! Elle, oui, je l’ai vu ; hier je crois. Et laissez-moi d’ailleurs maintenant, laissez-moi avec elle. Dites-lui de me raconter encore l’histoire… l’histoire de celle qui dit un jour m’avoir aimé, je crois ».
-« Papa, s’il te plaît, juste une fois…  s’il te plait, souviens-toi de moi encore… Papa ! PAPA ! »

Un monde inconnu s’ouvre à moi, je suis comme un nuage dans l’infini du ciel.
Point de terre, point de repère, juste quelques brumes dans cet espace carentiel 
Il ya des odeurs, des couleurs, des caresses, impressions nouvelles, sensorielles.
Qu’ont-ils donc ces visages changeants à douter de mon bien-être existentiel ?
Ignorants de mon monde, hermétiques à  mon univers, je leur suis démentiel.

- « dites moi, madame, c’est quoi un souvenir ? »

22 mars 2012

Juste pour la paix de l'esprit,
juste pour se nourrir de l'union magnifiée de l'oeuvre de l'homme et de l'oeuvre de la nature...


Chut ! Silence !
la musique est de couleur, de lumière et d'ombre.